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Information du 06/11/2025 : |
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L'indemnisation de l'Etat pour refus d'expulsion
L'expulsion locative des locataires ne payant plus leur loyer ou occupants sans titre ni droit d'un bien immobilier est un domaine sensible faisant l'objet de courants opposés. Si certains dénoncent ces expulsions comme étant trop dures, d'autres, bien entendu essentiellement des propriétaires, se plaignent de l'impossibilité de récupérer leur bien et n'hésitent pas, soit à faire des expulsions illégales, soit des opérations de contestation comme des grèves de la faim.
C'est dans ce contexte, et alors que la trêve hivernale vient de débuter, que le gouvernement a décidé de réglementer la question de l'indemnisation due au propriétaire pour le refus par l'Etat d'accorder le concours de la force publique (police ou gendarmerie) pour mettre en œuvre les expulsions.
En effet, bien souvent, le locataire indélicat est réticent à quitter les lieux malgré une ou plusieurs décisions de justice exécutoires. Rare sont ceux qui s'en vont sans résistance, à simple demande, voire même en formulant des vœux de bonne et heureuse santé envers leurs ex-bailleurs. Bien entendu un particulier, même un propriétaire, ne peut faire usage de la force pour mettre cet occupant hors du domicile. Cela est réservé à la police et à la gendarmerie. La force publique. D'où l'obligation pour le propriétaire, qui veut réellement exécuter l'expulsion, de demander, par le biais du Commissaire de justice (ex-huissier de justice) qu'il a chargé de l'affaire, à la Préfecture le concours de la force publique pour physiquement mettre la personne réticente dehors.
L'Etat, par le biais de la Préfecture, a le droit de refuser ce concours. Pour manque d'effectifs, de solution d'hébergements pour l'expulsé voire de crainte de troubles à l'ordre public ou de période électorale, peu importe l'Etat peut refuser. Mais alors il doit indemniser le pauvre propriétaire qui ne peut récupérer son bien. Principe d'indemnisation faisant l'objet d'une jurisprudence constante et fournie de la part du Conseil d'Etat, mais jamais réglementé, du moins jusqu'à ce jour.
Ce jour où, par un décret en date du 03 novembre 2025 un nouveau chapitre a été ajouté dans le Code des procédures civiles d'exécution, un chapitre relatif à l'évaluation de l'indemnisation due par l'Etat au propriétaire en cas de refus par le dit Etat du concours de la force publique pour mener à bien une expulsion.
De ces dispositions nouvelles, il en résulte que sont indemnisables :
- la perte des loyers et des charges locatives récupérables sur l'occupant; - la perte de la valeur vénale du bien liée à une vente désavantageuse ; - les frais liés à l'impossibilité de vendre le bien ; - les frais de remise en état ; - les frais de commissaire de justice ; - la taxe d'enlèvement des ordures ménagères ; - le trouble dans les conditions d'existence.
Quant à la procédure d'indemnisation elle est toute simple : le propriétaire fait une demande en y joignant les justificatifs, la Préfecture fait un chiffrage et lui soumet pour accord, en cas de désaccord la Préfecture et le propriétaire négocient et le résultat de cette négociation constitue une transaction qui clôt la question.
En cas de désaccord persistant, recours à la médiation du Défenseur des Droits puis en justice.
Donc à retenir que désormais l'indemnisation du refus de l'Etat d'accorder le concours de la force publique pour exécuter une expulsion est réglementée. Qu'elle est beaucoup plus large que le simple non-encaissement des loyers et qu'elle est le fruit d'une négociation entre la Préfecture et le propriétaire victime du refus. |
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